Les onze mille caféiers ou la passion d’un ex-comptable

cazfe20 janvier 2009. Quand il a acheté des terres au début de 2002, l »ex comptable (1) fraîchement licencié, José Carlos [Antunes] da Silva pouvait déjà contempler six mille caféiers, sur ses 42 tarefas (2)… Mais il en a planté cinq mille autres peu après. Malheureusement l »ex propriétaire, de 2000 à 2002, n »était en rien adepte de l »agriculture biologique, comme José Carlos. Qui a donc lui-même gratté, biné ces terres, dès l »acquisition… Depuis, les engrais ont pour nom… bouse de vache et « calda viçosa » (sulfate de cuivre, sulfate de zinc, sulfate de magnésium, acide borique et chaux hidratée), un fertilisant naturel inventé dans l »Etat du Minas Gerais spécialement pour les plantations de café. José Carlos avait choisi seul, dès 2001, d »étudier – avec l »aide du réseau internet – les méthodes pour planter le café, sans oublier d »acheter les livres complémentaires au savoir d »un fermier novice… Et son objectif reste, aujourd »hui, de posséder 25.000 caféiers, fin 2009, qui sera aussi une année consacrée à l »investissement. Il a déjà acheté une machine à torréfier en 2008 : chaque quinzaine, avec son père, il torréfie. 2,5 kilos à la fois. Dans une machine prévue pour 5 kilos, une méthode qui permet d »améliorer sensiblement la qualité, selon lui. Et le caféiculteur bahianais possède aussi, depuis peu, une pompe pour l »irrigation – utilisée durant la péride sèche – qui permet de répandre dix mille litres d »eau par jour. José Carlos vit à Salvador. Mais toute l »année, trois employés, dont l »un de ses frères et son père – 84 ans – s »occupent donc en permanence de l »exploitation, là, en une vallée où la température oscille entre 30oC le jour et 15oC la nuit. Idéale pour une plantation de café arabica, de l »espèce Catuaí – qui vient de l »union de deux variétés, le Catura et le Mundo Novo. À une altitude moyenne de neuf cens mètres, en haut de la Serra do Sincorá, dans la Vallée du Licuri (3) , sur la commune de Iramaia (410 km à l »ouest de Salvador). Où rivière et cascade se disputent un prix de beauté… Les sept estagios de cette dernière, nommée Cachoeira das Raízes (voire Cachoeira das Andorinhas) n »y sont pas étrangers… Les caféiers sont entourés d »autres plantations de café, de pâturages et de plantations d »ananas biologiques. De ces derniers, José Carlos prévoit d »en planter encore trois cents mudas, qui devraient donner une récolte de… neuf cents mudas, dès 2009 ! Une région – avec une densité de 8 habitants/km2 – où le m2 pour caféiers se vend deux fois et demie moins cher que celui destiné au bétail…

À l »horizon 2013,100 sacs et label bio.
Pour notre néo-fazendeiro, une des étapes importantes d »une récolte se joue au moment du dépôt et du choix des engrais. Sa première cueillette et récolte fut de douze sacs (4) , en 2003. Elle fut vendue dans la région de production mais à un prix si bas qu »il s´est juré de ne pas renouveler l »expérience. Aujourd »hui, la cueillette, seulement manuelle, est effectuée par cinq femmes au début d »avril. Sans l »aide de quelque tracteur… Il possède une zone de séchage entièrement à ciel ouvert, cimentée, de 400 m2. La récolte de 2008 fut de mille kilos. Environ 16 sacs… Mais l »heureux fermier espère que d »ici cinq ans ses vingt-cinq mille pieds permettront une recolte annuelle de six tonnes (environ 100 sacs). Il me confie que son investissement de départ fut de vingt mille reais pour acheter les terres. Sans emprunt d »aucune sorte. Et dit équilibrer son budget avec ses six cents kilos de café vendus annuellement. Quant à l »emballage, jaune – création propre – il est biodégradable et recyclable. Comme l »enveloppe intérieure qui contient la poudre de café, en papier-beurre (papel manteiga), afin d »emprisonner l »arôme au maximum… Les premiers tests et dégustations, grâçe à l »appui d »un ami agronome, bahianais, à São Paulo, lui semblent prometteurs, pour obtenir – à moyen terme – l »agrément officiel et fédéral du secteur biologique. Mais Il distribue sa production, lui-même, dans une pousada du quartier Santo Antônio, dans une supérette(5) du même quartier et sur la foire hebdomadaire d »un regroupement d »églises messianiques. Une vente, au total, qui frise les cinquante kilos par mois. Un café biologique, qui est à ma connaissance le seul de Bahia, non industriel et non mis sous vide, proposé sur les étagères à Salvador. Et l »ex-comptable planifie la prochaine présence de son « Café da Fazenda do Vale do Licuri », ainsi nommé, sur la grande Feira Orgânica hebdomadaire, sise au Parque da Cidade, dans le quartier huppé de Itaigara.. Sur ses autres terres, dans la même région, du bétail… rumine à souhait. Tandis qu »arbres fruitiers, jaqueiras et autres mangueiras ne manquent pas non plus, sans compter les 2 tarefas de mata nativa, et plusieurs pieds de jatobá, arbre aux fruits mystiques, qu »il laisse intouchés. Pour conclure notre entretien, ce mardi matin brumeux et pluvieux, vers 9h30, José Carlos évoque des… peintures rupestres, jalousement préservées sur ses terres, qui pourraient s »accorder avec son vieux projet de… tourisme rural durable et solidaire. José Carlos, une renaissance, à l »orée de ses 53 ans !
(1) de la banque publique bahianaise BANEB, privatisée en 2000.
(2) une tarefa, dans l »Etat de Bahia, représente 4.356m².
(3) licuri : type de palmier. Dans cette région, une plantation moyenne a environ 1 million de caféiers.
(4) 1 sac : 60 kilos.
(5) en face de la place « Cruz do Pascoal », dans le quartier de Santo Antônio.

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