Voltaire, de Bahia (1)
9 mars 2009. Né le 18 juin 1912 à Salvador, Voltaire Fraga travaillait, à 18 ans, comme vendeur d »annonces publicitaires pour le grand quotidien de l »époque, Diário de Noticias. Au cours d »une balade dans le centre-ville, il s´émerveilla pour un photo de la… forêt noire (Allemagne), dans une vitrine. A ses côtés, était un appareil photo Voigtlander VAG, format 9×12 : il entra dans la boutique et acquit l »appareil. Et la passsion d »alors – photos des familiers, de paysages pittoresques, etc. – vira profession. Suite à une rencontre avec un fonctionnaire du Secrétariat de l »Education de Salvador, il devint en effet photographe free-lance. De 1939 à 1977, pour des entreprises privées, des agences de publicité comme pour de nombreuses administrations, il photographia immeubles, chantiers, écoles, bâtiments publics et zones industrielles, sur commande. Mais aussi les mariages des familles fortunées ou bien encore des solennités pour des entreprises… Enfin, de quoi permettre à sa famille de vivre.
Pendant ses heures creuses, en ces quelques quarante années, il photographiait, toujours à l »aide d »un moyen format (9×12, 6×6, 6×9) les scènes qui l »enchantaient à Bahia. Humains, paysages marins, marchés, il enregistra ainsi plus de dix mille vues de Bahia. Qu »il tirait à son propre domicile, dans son propre laboratoire. Mais en 1981, il perdit huit mille négatifs lors d »une inondation dans son domicile du centre-ville. Irréparablement.
Voltaire Fraga connaissait bien la valeur de ses photos, autodidacte et perfectionniste qu »il fut sa vie durant. C »est pour cela qu »il n »admettait pas que d »autres effectuent ses tirages. Très organisé, méthodique, de tout temps, à la fin de sa vie, il tenta plusieurs fois de vendre son fonds – deux mille négatifs et plaques de verre – à l »Etat de Bahia. En vain. L »une des raisons données par les responsables des secteurs culturels, selon l »une de ses proches, Maria Guimãraes Sampaio, fut « le grand nombre de photos sociales ». L »amertume – « Estou só na terra, ninguém se digna a pensar em mim. Todos os que vejo endurecer têm o descaramento e uma dureza de coração que eu não sinto de maneira alguma. Eles odeiam-me por minha bondade fácil. Ah, em breve morrerei, seja de fome, seja de infelicidade de ver os homens assim, tão duros », déclara-t-il en 2003 – rongea ainsi les derniers jours, qui précèderent le fatal 20 mars 2006, de celui qui n »eut l »honneur que d »une seule exposition individuelle à Salvador, ville qu »il chérissait tant.
Je reviendrais demain, ici, analyser l »oeuvre et la destinée de l »oeuvre de Voltaire Fraga.
En bref
1930 : sont publiées sur la double page centrale du magazine O Cruzeiro deux photos de la « Colina de Bomfim ».
1986 : participe de l »exposition collective, à Salvador, « Fotografos em 20 anos ».
1996 : écrit un court texte autobiographique « Voltaire Fraga por ele mesmo ».
1999 : exposition individuelle (30 photos) à la « Galeria Pierre Verger » – dans le quartier de Barris, à Salvador – organisée par Maria Guimãraes Sampaio. À cette occasion Voltaire effectue lui-même 390 tirages 24×30 et 390 autres 18×24.
2006/2009 : sa fille Alba Mara Moreira Fraga Peixoto est gardienne du fonds photographique et recherche une institution culturelle de poids pour l »acheter.
2009 : Exposition posthume entre le 15 janvier et 15 février 2009 : la Pinacoteca do Estado de São Paulo lui rend hommage, dans ses salles du rez-de-chaussée. L »exposition propose cent photos, s »intitule « Voltaire Fraga: Abundante cidade – Dessemelhante Bahia » et est organisée par Diogenes Moura. Le catalogue édité à cettte occasion comporte 80 photos. Pour Diógenes Moura « Esta é uma mostra afetuosa e, ao mesmo tempo, dolorosa, porque mostra que, em apenas seis décadas, a cidade se modificou para pior ». Avant de rajouter : « Voltaire tinha o poder de ser absolutamente íntimo às suas fotografias autorais. Por isso, a mostra resume o que éramos e pergunta para onde vamos ».
Commentaires récents