André Setaro, splendeurs et méandres d’une immortelle enfance cinéphilique

andresetaro1Quels sont-ils, ces « films qui ont regardé notre enfance », pour reprendre l’expression poignante de Jean-Louis Schefer *  ? Quels sont-ils ?
C’est bien là que se niche la seule énigme, qui peut créer et engendrer, ensuite, une trace littéraire. L’énigme d’André Setaro est née là, pour donner naissance à une œuvre essentielle. Et, seule et unique, elle nous importe au plus haut point. En publiant* trois tomes de ses « Ecrits », il n’y a pas d’autre question à laquelle notre « ami bahianais », cinéphile – mais aussi et surtout « ami américain » – André Setaro, ne souhaite d’abord répondre. Pour lui-même et pour l’éternité du cinéma, vue de Bahia. Pendant trente ans. Car André s’offusque d’abord, au long de ces trois tomes de textes, publiés en ce mois d’avril 2010, d’un monde sans cinéma en ce début de vingt et unième siècle.
Il aura fallu au jeune André Olivieri Setaro – venu de Rio de Janeiro à l’âge de cinq ans rejoindre sa mère à Salvador – pourtant, après avoir longtemps participé aux séances de ciné-club, dès le début des années 70, organisées par  Walter da Silveira – maître incontesté de Glauber Rocha et de toute la génération du Cinema novo à Bahia – puis intégré, en 1979, l’université publique comme professeur de cinéma – parcourir, physiquement, quotidiennement, plus de vingt ans durant, la longue avenue Joana Angelica, au centre du Salvador vivant d’alors, ses maigres feuillets à la main, tous tapés sur son Olivetti, à livrer au «marbre» du quotidien Tribuna da Bahia, situé en contrebas de la ville chérie, au milieu de l’avenida Djalma Dutra. C’est sans aucun doute, là, que s’effectua la maturation d’une vie. Aujourd’hui rassemblés, en une sélection draconienne, dans ces trois ouvrages, les essais d’André – fidèle lecteur d’Henri Agel – nous démontrent les pleins et les déliers d’une pensée. Et André aura éprouvé, ainsi, sa pensée au fil de sa plume et de la marche, via les mots scellés dans l’encre. Car André ne s’est choisi qu’une seule origine, celle du cinéma. Celui de Jerry Lewis d’abord, puis d’Alfred Hitchkock, de François Truffaut,  de Pier Paolo Pasolini, de Glauber Rocha bien sûr, sans négliger l’érudition des toiles de Jean-Luc Godard ou de Nicholas Ray. Et tant d’autres plus récents, comme les frères Cohen, voire  l' »oncle » Clint Eastwood.  Sans, heureusement, jamais oublier les courbes affriolantes de Jennifer Jones, les hanches de Brigite Bardot, en passant par celles de Gina  Lolobridgida. Car André ne conçoit et n’a jamais conçu son office sans passions, sans affectivités. André Setaro aime et a aimé ce qui ne meurt. Pour l’éternité de notre mémoire quelquefois défaillante.

* L’homme ordinaire du cinéma/Jean-Louis Schefer/Éditions Cahiers du Cinéma/1980

(photo de Margarida Neide, prise au Porto da Barra un vendredi soir d’avril 2010, du fumeur impénitent (« graças à Deus ») nommé André Setaro, et, ci-contre, photo de Thiago Teixeira).

setaroEscritos sobre cinema – Trilogia de um tempo critico
. André Setaro. (Préface de Inacio Araujo ; critique du quotidien Folha de Sao Paulo). Editora UFBA, distribué par Azougue, 2010. 3 tomes dans un coffret, coordonnés par Carlos Ribeiro. Volume 1: « Depoimentos. Filmes. Atores e Diretores » ; Volume 2: « Estética e Linguagem do Cinema »;  Volume 3: « Cinema Baiano ».
La sélection, entre des centaines d’articles, a été effectuée par les incontournables Carlos Ribeiro, Claudio Luiz Pereira, Marcos Pierry et Messias Bandeira, quatre intellectuels bahianais souvent cités dans ce blog. Prix : 60 reais.

http://setarosblog.blogspot.com

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4 réponses

  1. André Setaro dit :

    Merci, merci, Flaneur. Je suis content com votre écriture sur moi. Je ne parle bien le français. Sa apretiation est belle. Merci. J’étudie le français quand enfant dans le collège. Le temps, en passant, « fez-me esquecê-lo », mais j’aime la langue française.

  2. André Setaro dit :

    Gostei da capa do livro no final do ‘post’.

  3. bahiaflaneur dit :

    Nous recevons cela de André Setaro en ce mois d’octobre 2010 :
    « Vou fazer, Eva, no dia das Crianças, 12 de outubro, 60 anos. Passei minha infância, adolescência e juventude no bairro de Nazaré. Que conhecia com a palma de minha mão. Estudei as duas primeiras séries do ginásio no Liceu Salesiano do Salvador, e as últimas no Severino Vieira. Depois fiz o Clássico no glorioso Central para, em seguida, fazer vestibular de Direito (minha primeira graduação). Não me esqueço da Biblioteca Monteiro Lobato, do Jardim de Nazaré, das descidas para ir ao cine Tupy, da Mendoeira etc. No primário, Colégio Nossa Senhora Auxiliadora, mais conhecido como Colégio de Dona Anfrísia, educadora rigorosa e tradicionalista, que tinha como sua auxiliar de ordem a temível Dona Rosalita (os alunos, quando passavam por ela, tinham que abaixar a cabeça).Estudei francês e me lembro de um livro, ‘Verbos franceses’. Uma vez, faltei a aula porque ia ter prova oral e tinha que ter, na ponta da língua, os subjuntivos de alguns verbos. A professora Madame Elisée, começou a perguntar sobre os tempos do verbo ‘Vouloir’. E, de repente, ela respondeu: « Je VIANDRE » E, incontinenti, perguntou: « Cadê André ». Por ter faltado, tirei zero e por causa do subjuntivo de um verbo que, dito alto, despertou, na professora, a minha ausência (« Eu vi André »)

  4. André Setaro dit :

    No dia da Criança, entro na temerária faixa dos 60.
    Obrigado pelo ‘post’.
    André Setaro

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