Danse (1) : Tadashi Endo
Il vient du Japon, mais vit en Allemagne. Tadashi est danseur de buto*. La danse, comme un rite, semble l’avoir accueilli, comme soeur jumelle, depuis plusieurs décades. Hier soir, sur la scène du Teatro Vila Velha – pour cette cinquième édition d’un festival international – il entra recroquevillé sur lui-même, dans son grand manteau marron sur un pantalon blanc satiné, avec sa tignasse grise, ébouriffée et flottante… Au centre d’un double rayon de lumière, il semblait d’abord s’adresser aux cieux, avec le violon lancinant de Kronos Quartett comme fond musical. Se lever, s’affaisser comme une feuille, s’accroupir pour peut-être nous rappeler la pénitence. Voire une repentance, mais toujours comme une offrande. Puis viendra le deuxième temps musical de cette chorégraphie autobiographique, intitulée One-Nine-Four-Seven**, où la cape jetée, battue avec force contre le sol lui permettra de virevolter au coeur d’une lumière rouge, rouge comme le sang, pour, certainement, nous ramener vers les crimes de notre époque et nous en rappeler l’actualité.
Le vacarme assourdissant d’un avion pose alors le décor du deuxième acte. Et Tadashi retrouve alors des positions plus figées. Une atmosphère, qui peut nous remémorer des tableaux de Georges de La Tour, s’installe sur scène. Le violon est toujours présent, et la bougie posée sur le ventre nous guide alors vers l’essentiel. Dans une presque totale immobilité, le silence se fait, le corps est maintenant nu. Un corps qui se met à cheminer à quatre pattes, qui foule les obstacles, qui tombe, qui rampe comme un chat, dans un silence de plomb, de sable mouvant. Viendra alors la voix féminine japonaise, celle du réconfort, qui lance le défi. Les mains de Tadashi, toujours en mouvement, dans une imploration communicative. Minimalisme japonais qui s’oppose au chaos qui semble entourer le danseur. Mais Tadashi sait, en quelques pas, nous guider vers les clair-obscurs d’une certaine sérénité.
Tadashi Endo est chorégraphe, danseur et directeur d’un centre de danse à Gottingen.
* Bu = danse. To = piétiner le sol.
** Chiffre qui corrrespond à son année de naissance.
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