Les planètes sarcasmes de Nelson Leirner
Comme si nous étions un perpétuel fondu-enchaîné, masse informe. Comme si, pour l’œil inattentif, l’immensité tendait à nous rendre imperceptibles, sur la carte du monde. Nous, humains. Usagers ou acteurs ? Nelson Leirner ne transige pas et tranche. Dans le vif. Et l’artiste d’origine polonaise scinde et pointe, par son acuité dans ses juxtapositions, les sens et non-sens. Le jeu, la finitude, la guerre, la mémoire, la standardisation des goûts et des désirs, sont là, imparablement, qui nous aveuglent dans leur évidence. Scrutés et emmuraillés par les congrégations en soutanes. Mais ce qui vient patent dans notre observation ne nous rejette pas vers de sombres lendemains. Les œuvres de Leirner nous projettent vers une ample reconstruction du monde qu’il tient à nous seuls de percevoir pour mieux en ciseler et dessiner hardiment les contours, dans la voie formelle ironique que l’artiste créée et emprunte, avant qu’elle nous recouvre de ses déguisements factices, criards et colorés pour mieux nous envahir de ses lambeaux mortels.
Nelson Leirner, né en 1932 à São Paulo, a monté sa première exposition individuelle en 1960. Plus de soixante-dix autres mostras uninominales lui ont succédé, au Brésil et dans le monde. Par ailleurs, l’artiste a exposé dans plus de quatre cents expositions collectives. Il vit à Rio de Janeiro depuis 1997. Le titre, qu’il a choisi, de l’un de ses entretiens fleuve et phare – « Nelson Leirner : O engenheiro que perdeu seu tempo* » – accordé en juillet 2002 à Moacir dos Anjos, Agnaldo Farias et Adolfo Montejo Navas, se réfère implicitement à Marcel Duchamp (« Marcel Duchamp : l’ingénieur du temps perdu »), que Leirner découvrit tard, en 1970, quand il commenca à enseigner l’art, à la Faculdade Armando Alvares Penteado. Nelson Leirner avait précédemment exposé au MAM de Bahia en 1976 et 1995, puis en 2000 à la Paulo Darzé Galeria de Arte. En 2003 puis en 2005, il a exposé à la Galerie Marielle Maubrie, à Paris, en France.
* Qui figure dans le grand catalogue (photo de la couverture ci à droite) produit et édité par Paulo Darzé: «Nelson Leirner – god bless», 2011, 92 pages, 1.500 exemplaires.
L’exposition de la trentaine d’oeuvres (photographies, sculptures, montages, collages, tableaux…) se déroule du 19 août 2011 au 24 septembre 2011, à la Paulo Darzé Galeria de Arte.
http://www.paulodarzegaleria.com.br/nelsonleirner2011.htm
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