Magnat de la télévision bahianaise et esclavagiste ?

trabalho-escravo-1Une gigantesque propriété, de 39.000 hectares, nommée « Rural Verde », avec près de quatre cent kilomètres de clôture, avec plus de dix mille têtes de bétail, appartenant depuis plus de trente-cinq années à Sílvio Roberto de Moraes Coelho, bahianais*. Sise  sur la commune de Sítio do Mato Dentro, bourg proche de la grande ville de Bom Jesus da Lapa, à cinq cent trente six kilomètres à l’ouest de Salvador. Sílvio Roberto de Moraes Coelho est l’un des patrons, depuis  plusieurs dizaines d’années, du troisième plus important canal de télévision de Bahia, TV Aratu, qui appartient depuis sa naissance en 1970 à la famille Coelho, et cette chaîne est aujourd’hui affiliée au gigantesque empire brésilien de communication SBT, du milliardaire Silvio Santos.
Vingt-deux travailleurs, en conditions analogues à l’esclavage, ont été découverts, entre le 17 et le 31 août 2011, par l’équipe fiscale de l’inspection du travail (Grupo Especial de Fiscalização Móvel – GEFM), menée par la fonctionnaire Inês Almeida, sur le site même de la fazenda Rural Verde. Dix-sept des personnes étaient chargées, à 25 kilomètres de distance du siège de la fazenda, d’élaguer et de couper des arbres tandis que les cinq autres installaient des clôtures. La plupart d’entre eux étaient dans la fazenda depuis le mois de mai 2011, sans salaire régulier. Ils recevaient leur « pitance » qui leur était descomptée sur leur « salaire ».  Leurs barraques aux toits de bâche en plastique noir étaient soutenues par de simples piquets de bois. Ils n’avaient, pour se laver et se fournir en eau potable, qu’un grand réservoir d’eau, qu’ils partageaient avec le… bétail, qui venait là s’y rafraîchir.

La dette aux travailleurs, évaluée par les services de l’inspection du travail, est de quatre-vingt mille reais, environ. Soixante et un procès verbaux d`infractions ont été dressés. Le propriétaire s’est refusé à payer cette somme affirmant que les ouvriers n’étaient les siens, mais ceux d’une personne à qui il avait sous-traité le travail. Lors de la seule tentative de questionnement par un journaliste bahianais au téléphone, ces jours-ci, “Vai para o inferno” fut la seule réponse de Sílvio Roberto [de Moraes] Coelho, avant de raccrocher.

silviocoelho* Sílvio Roberto Coelho, patron de l’entreprise Rural Verde Ltda, est le frère de Nilo Augusto Moraes Coelho, soixante-dix ans, ex vice-gouverneur puis gouverneur de Bahia (1989-1991), accusé alors de très nombreuses irrégularités, fermier qui precedemment avait fait fortune dans les exploitations de coton, et nouvellement réélu maire de la grande ville de Guanambi, à Bahia, depuis 2008. Selon sa déclaration au Tribunal Superior Eletoral en 2010, NILO COELHO – qui fut encore cette année-là candidat, pour le PSDB, à vice-gouverneur de Bahia avec la liste de droite (DEM) du candidat Paulo Souto – était propriétaire de de plus de 44 grandes propriétés (fazendas). En août 2007, lors d’un procès pour « promouvoir l’évasion de devises » (sonegação fiscal), son frère Sílvio Roberto de Moraes Coelho, quant à lui, avait été condamné à deux et quatre mois de prison de réclusion, peine ensuite transformée en amendes diverses…

Photo (droits réservés) ci-contre: en février 2008, lors d’une fête, Sílvio Roberto Coelho, sa fille responsable du secteur commercial de la TV Aratu et l’épouse du toujours gouverneur de Bahia, Fatima Mendonça.

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3 réponses

  1. Francis dit :

    Sur l’ensemble du Brésil, il ne se passe pas un jour ou presque sans que pareilles découvertes d’esclavagisme ne soit révélées. Manifestement, ça n’effraie pas les « fazendeiros » impliqués dans ces crimes, nous ne savons que trop pourquoi…

  2. bahiaflaneur dit :

    Certainement pas un hasard.
    Depuis l’annonce, dans des blogs, dans l’aprés-midi du mercredi 31 août 2011 vers 18h00, du contrôle de l’inspection officielle sur la présence de travailleurs « en conditions analogues á celle de l’esclavage », LE PRINCIPAL quotidien de Bahia, A tarde, n’a toujours pas signalé l’information.
    Rien dans l’édition du jeudi 1er septembre, rien dans l’édition de ce vendredi 2 septembre 2011.
    BF
    9h37, vendredi 2 septembre 2011
    “Tenho conhecimento de casos em que fazendas chegam a ter cemitério próprio, onde são enterrados trabalhadores escravos assassinados por não quererem mais trabalhar em suas propriedades. É uma situação inacreditável, que mais parece com histórias de séculos passados, onde a barbárie reinava absoluta, sem leis e sem democracia, e não de agora, de hoje”,:
    http://www.falabarreiras.com/index.php?p=noticia&cid=1&id=1845

  3. Ru dit :

    *décomptée et *baraques. Sinon, article très instructif sur une situation infernale rarement évoquée.

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