Pour les innombrables Joel, Max filme…

Dix ans d’âge. Joel était son prénom. Il était minuit. Il s’apprêtait à se coucher. La balle, sans presque aucun doute, venait de l’arme de l’un des neuf policiers qui participaient, la nuit du 22 novembre 2010, à une confrontation armée avec des trafiquants de drogue, dans le quartier pauvre de Nordeste de Amarilina*.
La famille affirme que les policiers se refusèrent à transporter l’enfant, blessé au visage. Ses familiers l’emmenèrent alors à l’hôpital public, mais il y décéda deux heures plus tard.
Les neufs policiers militaires, rattachés à la 40º Companhia Independente de Polícia Militar (CIPM), devraient aller devant la justice pour homicide doublement qualifié… Qui sait ?
Le film, d’une durée de soixante-dix minutes, a été produit par le bahianais Rodrigo Cavalcanti et réalisé par Max Gaggino, jeune cinéaste italien présent à Salvador depuis dix ans. Fils de père italien et de mère égyptienne, il monte actuellement son nouveau long-métrage – produit par Carcamano Filmes – sur sa relation avec Bahia, qu’il a commencé de tourner en décembre 2012. « Menino Joel », présent sur la plateforme Youtube, est distribué par le réseau O Cubo (canalocubo.com).
Laissons le dernier mot à Max : « J’aime ce pays, mais je ne réussis pas pas à comprendre comment les policiers bahianais, noirs en leur grande majorité, entrent dans les quartiers considérés comme ghettos, où habitent les gens simples, pour barbariser d’autres noirs. Je ne suis pas militant politique, mais je crois que le système gouvernemental a une grande part de culpabilité dans ce contexte de violence » (« Amo esta terra, mas não consigo entender como os policiais baianos, negros em sua maioria, entram nos bairros considerados como guetos, onde moram as pessoas mais simples, para barbarizar outros negros. Não sou ativista político, mas acredito que o sistema governamental tenha grande parcela de culpa neste contexto de violência »).
– Menino Joel – de Max Gaggino – 2012
* Quartier qui jouxte un des plus riches arrondissements de Salvador, Pituba.