Quand le cinéaste Pierre Kast préparait son tournage à Bahia (1/2)

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(droits de reproduction réservés)

Pierre Kast (1920-1984) avait déjà filmé au Brésil. Mais il revint, en janvier 1969, pour tourner un sujet sur le candomblé de Bahia. Avec une production franco-brésilienne, assurée par Jean-Gabriel Albicocco (également co-scénariste), Louis Malle et Luiz Carlos Barreto, aujourd’hui en octobre 2012 encore le plus important producteur du Brésil.
Grâçe à l’anthropologue Cláudio Luiz Pereira*, nous avons eu accès à deux échanges épistolaires entre trois des plus importants historiens de l’époque, tous bahianais, qui révèlent quelques détails de la préparation du documentaire de Pierre Kast qui se nommera sur les écrans « A Bandeira Branca de Oxalá » et en France « Macumba ». La lettre qui suit est adressée, depuis le quartier de Leblon, à Rio de Janeiro, par Edison Carneiro à Waldir Freitas de Oliveira, qui est à Salvador.

* Dépositaire de très nombreuses archives de Edison Carneiro (1912/1972) et biographe de Vivaldo da Casto Lima (1925-2010).

Ami Waldyr

Pierre Kast, metteur-en-scène français, et son épouse brésilienne, Fernanda, fille de mon ami Pedro Borges, arriveront à Bahia le 7 pour tourner un long métrage sur les religions africaines.
Le scénario, ou mieux, l’idée centrale du scénario – que les orixás, comme les dieux de la Grèce antique, fécondent de nouveaux dieux et donnent expression aux sentiments religieux du Brésil – est bonne, à partir du moment que nous l’aidons avec des informations, des contacts et des relations qui peuvent la consolider, de tel mode que la pellicule serve à la culture brésilienne.
Il prétend faire un film d’art et d’essai, pour être projeté dans des circuits universitaires, et a vraiment obtenu une subvention du Ministère de la Culture (Malraux) pour la production, qui est d’une association de metteurs-en-scènes français.
J’espère que tu l’aideras, l’informeras, lui facilitera les contacts, lui rappelera les choses à faire, etc. de tel mode que le film soit réellement une révélation des religions africaines dans une perspective culturelle.
Que la nouvelle année amène la tranquilité, à toi, à Madame et à ton obligation* – et plus de fonds pour le Centre.**

Abraços de ton ami Edison Carneiro

* Il semble qu’il s’agisse de la cérémonie obligatoire (obrigação) à laquelle tout adepte du candomblé est abstreint de participer, régulièrement,  selon un calendrier propre.
** Centro de Estudos Afro Orientais (CEAO), qui existe toujours en 2012, rattaché à l’université fédérale de Bahia (UFBA). A l’époque dirigé par Waldir Freitas de Oliveira, récipiendaire de cette lettre.

La biographie, de référence, de Edison Carneiro a été écrite, au long de 240 pages, par le journaliste Biaggio Talento et l’historien Luiz Alberto Couceiro, en 2009, aux éditions Assembleia Legislativa da Bahia, volume 11, dans la collection Gente da Bahia : « Edison Carneiro – o mestre antigo – um estudo sobre a trajetória de um intelectual ».

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A Bandeira Branca de Oxalá. 95 minutes – 35mm Eastmancolor .
Directeur de la photographie : Yann Le Masson – assistant : João Carlos de Alencar Parreiras Horta. Avec Pierre Verger, entre autres.
Il est peut-être possible de visionner le film ici :
http://www.tracktvlinks.com/watch-bandeira-branca-de-oxala-1968

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